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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/194

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marcie


Job se précipita au devant de son maître et sa laissa glisser sur le plancher, comme un homme saisi de vertige.

— Tête-bleu ! s’écria le marquis avec une surprise pleine d’effroi ; qu’y a-t-il donc ? Pourquoi es-tu couvert de sang, Job ? Job ! réponds-moi donc, malheureux ! Où est M. de Gaucourt ?

— Ah ! Monsieur mon maître... répondit le noir en balbutiant : M. le chevalier...

— Eh bien ! te chevalier... que lui est-il arrivé ?

— Le blanc du Piton-Rouge l’a tué ! continua Job d’une voix lente et sombre.

— Tué ! dit M. de Villefranche en reculant ; tué par Fleurimont, dis-tu ? Tu rêves, Job où ? quand ? Pourquoi ne l’as-tu pas défendu ? Tête-bleu ! me répondras-tu, misérable chien. Comment as-tu laissé assassiner ton maître ?

Job se releva et répondit avec un air effrayé et des regards fixes, comme s’il voyait ce qu’il décrivait :

— M. le chevalier a voulu passer par le chemin de Fleurimont... Il faisait noir... M. le chevalier marchait derrière Job et les chevaux. Voilà que nous arrivons devant la maison... M. le chevalier pousse un cri et dit : — Au secours, Job ! — Le blanc du Piton-Rouge était dessus M. le chevalier avec un couteau qu’il lui enfonçait dans le dos. Et puis... voilà que M. Fleurimont s’est coupé la gorge aussi en criant : — Il ne