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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/233

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la princesse yaso'da

se reprochait son orgueil et sa rébellion envers le saint roi ; car, pensait-il, peut-être ne reverrai-je plus la rose du Lasti-D’jumbo.

À cette pensée, un grand désespoir lui brisa le cœur. Il prit la résolution de retourner auprès de Satyavrata et d’implorer son pardon. Il brisa ses flèches, sa lance de bambou et son sabre, afin de toucher le cœur du saint roi par son aspect pacifique. Ainsi privé de ses armes, il descendit les gorges de la montagne où erraient les tigres rayés, tueurs d’éléphants.

Le cœur des braves est comme le diamant, dur et splendide. Le cœur des braves est inébranlable, comme la carapace qui soutient le monde. Le jeune guerrier avait un cœur de brave.

Or, le soleil s’était plongé trois fois dans les grandes eaux depuis qu’il marchait sans armes dans la montagne, quand il arriva sur le bord d’un abîme profond. Ce gouffre s’étendait aussi loin que le regard pouvait porter.

Tamaya chercha un sentier, mais vainement. Comme il hésitait et songeait à retourner en arrière, une voix suppliante cria du fond de l’abîme : Tamaya, Tamaya !

Le jeune guerrier se pencha en avant et vit un beau génie ami des hommes, lié par des lianes noueuses à un énorme rocher. Alors il demanda : Ô génie, ami des hommes, pourquoi es-tu ainsi lié ? que me veux-tu ?