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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/54

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le songe d’hermann

belle mousse vaut bien quelque coin enfumé de la dernière taverne que nous avons rencontrée, et d’où j’ai eu tant de peine à t’arracher.

SIEGEL.

Mousse, ma mie, vous êtes pleine et molle comme la plume de l’eider ! dussiez-vous même renfermer une feuille de rose, je ne suis pas assez sybarite pour vous la reprocher. — Je me couche. — Diable ! les courroies de mon havresac m’ont blessé l’épaule.

HERMANN.

Vois donc comme cette rivière est charmante, Siegel.

SIEGEL.

Frère Hermann, la science est un mauvais oreiller : mes Institutes commentées m’écorchent le cou, et mon Digeste est dur comme une pierre. — Enfin, tout est pour le mieux dans le pire des mondes possibles.

HERMANN.

On dirait le calme dans la grâce. Les glaïeuls frissonnent