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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/56

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le songe d’hermann

et couché qu’assis. Le proverbe a raison et la rivière l’emporte sur beaucoup de gros fleuves fort laids.

HERMANN.

Si je ne savais, Siegel, que tu te fais souvent un jeu de feindre une froide ironie à l’endroit des choses que tu admires le plus, je croirais parfois que tu n’as rien dans le cœur et rien dans la tête.

SIEGEL.

Grand merci, frère Hermann.

HERMANN.

Voici bien des années que nous nous connaissons. J’étais le souffre-douleurs de l’Université. Plus fort et plus considéré que moi, tu m’as pris sous ta protection, et je t’ai aimé pour ta bonté et ta bravoure ; mais pourquoi railles-tu mon émotion ? Tu n’es pas né comme moi sur le bord de cette rivière. Pourquoi ris-tu de tout ?

SIEGEL.

Je ris pour ne pas pleurer.