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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/91

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la mélodie incarnée


GEORGE.

J’ai tout lieu de croire que Samuel ne vit pas cette apparition avec la même tranquillité que vous, car il se crut fou en reconnaissant son œuvre.

JACQUES.

Ah ! il la reconnut. Et... quelle forme avait-elle ?

CARL.

Oui ! à qui ressemblait-elle ?... On a beau être Allemands...

GEORGE.

Pardieu ! à quoi voudriez-vous qu’elle ressemblât, si ce n’est à la grâce par excellence, à ce que Dieu a formé de plus parfait, au corps sublime et nu d’une femme jeune et belle ? — Elle était là, devant Samuel, lumineuse dans l’ombre de la chambre, et légèrement inclinée sur sa hanche ; mais si harmonieuse de lignes et de contours, si pure de coupe et si admirablement posée, que le pauvre jeune homme comprit bien qu’il perdrait la tête s’il devait cesser de la voir.

JACQUES.

Est-ce qu’ils ne se dirent rien ?