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L’APOLLONIDE.

IÔN.

Qu’un sang vermeil, d’abord, ruisselle pour le Dieu !
Puis, au Trépied d’airain, dans les parfums en feu,
Vous entendrez parler la pâle Prophétesse.


DEUXIÈME FEMME.

Nous précédons ici le Maître et la Maîtresse.


IÔN.

Quels sont-ils ? De quelle île, ou de quel continent ?
Et quels noms portent-ils sous le ciel rayonnant ?


TROISIÈME FEMME.

Ô jeune homme, ils sont Rois de l’Attique sacrée,
Dans la ville où Pallas, la Vierge, est honorée.


IÔN.

Viennent-ils pour un songe, effroi des longues nuits ?


PREMIÈRE FEMME.

Nous ne savons. Les Rois ont leurs secrets ennuis.
Pour nous, que notre cœur les sache ou les ignore,
Entendre et voir nous sont interdits ; il faut clore
Nos lèvres. Mais voici notre Reine, Étranger,
Et, s’il te plaît ainsi, tu peux l’interroger.