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DEUXIÈME PARTIE.

LE VIEILLARD.

Ô cher Prince, voici la coupe préparée,
Reçois-la de ma main au nom de tes aïeux.
Ma chevelure est blanche. Enfant, je suis bien vieux.
Mais je mourrai content, si tu daignes permettre
Que je serve le fils du Roi Xouthos, mon maître.


IÔN.

Donne. Il m’est doux, vieillard, d’honorer tes longs jours.
Que Pallas bienveillante en prolonge le cours !

Il prend la coupe.
STROPHE.

          Paian ! Gloire à toi qui fécondes
Les fleurs et les moissons, les bois, les mers profondes
          D’où jaillit ton char immortel !
Dompteur du vieux Python dans son antique abîme,
          Viens ! Descends sur l’auguste cime
          Où l’encens parfume l’autel.
Et maintenant, salut, Pythô, rochers et terre !
Ô Temple, mon berceau ! Noirs feuillages des bois,
Vous dont Kastalia rafraîchit l’ombre austère.
Recevez une part de la coupe où je bois.

Il répand quelques gouttes de vin. Les colombes du Temple volent çà et là sur la scène et se posent autour de lui.


ANTISTROPHE.

          Doux oiseaux, colombes fidèles,
Qui veniez, au matin, de vos battements d’ailes