Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



TROISIÈME PARTIE


Intérieur du Temple de Pythô. Hautes murailles en hémicycle. Au fond, le Sanctuaire de Loxias. À droite, la statue du Dieu, sur un bloc cubique de marbre blanc, le Trépied d’airain de la Pythonisse.

SCÈNE PREMIÈRE


KRÉOUSA, le Chœur des Femmes.


KRÉOUSA.

Père ! qu’un Dieu terrible engloutit autrefois
Dans la terre béante et noire, tu le vois,
Ta fille misérable est vouée au supplice !
Ô Père, se peut-il qu’un tel sort s’accomplisse ?
Quoi ! Je suis de ton sang illustre, et vais mourir,
Et le fer d’un esclave osera me flétrir,
Sans que l’Époux royal et la patrie Attique
Me puissent préserver de la haine Pythique !
Je dors sans doute et rêve. Est-il bien vrai ? Mes yeux,
Femmes, sont-ils ouverts à la clarté des cieux ?