Page:Leconte de Lisle - Discours, 1887.djvu/82

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mes, qui répondît à peu près à ce qu’il représente sur la terre comme à ce qu’il a rêvé au-dessus, ambitionné au-delà, qui symbolisât pour ainsi dire, sur les hauteurs qu’il a atteintes, le rayonnement qu’il jette dans les nuées qui le voilent. Tout le temps que je le lisais, ou plutôt que je le relisais, que j’assistais à l’accroissement rapide et ininterrompu de ce génie étrange, mené, surmené quelquefois par une volonté sans repos et sans borne, il m’était impossible de perdre de vue la lumière de la petite lampe qu’on voyait briller, toutes les nuits, dans la mansarde de la rue du Dragon, à la fenêtre de l’enfant poète, pauvre, solitaire, infatigable, épris d’idéal, affamé de gloire, de cette petite lampe qui a été la confidente silencieuse et amicale de ses premiers travaux, et de ses premières espérances si miraculeusement réalisées. Et je me disais : La postérité devrait rallumer et fixer éternellement dans la nuit cette petite lumière éclairant cette vitre. Pourquoi le premier de nos savants français qui découvrira une étoile nouvelle, ne donnerait-il pas le nom d’Hugo à cette étoile ?