Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/115

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que tu as tant aimée autrefois ! Dieux, protecteurs de cette terre, venez, venez tous ! Voyez cette troupe de vierges qui vous supplient de détourner d’elles la servitude. En effet, autour de la Ville, le flot des guerriers aux casques à crinières, la tempête furieuse d’Arès retentit.

Et toi, Zeus, Père universel, repousse au loin l’assaut de nos ennemis ; car les Argiens enveloppent la Ville de Kadmos, et la terreur des armes et les freins dans la bouche des chevaux crient le carnage. Les sept chefs farouches de l’armée ennemie, resplendissants de l’éclat des armes, chacun à l’endroit marqué par le sort, sont debout aux sept portes.

Et toi, fille de Zeus, amie du combat, sois la protectrice de la Ville, ô Pallas ! Et toi, Roi hippique, maître de la mer, qui frappes les flots de ton trident, Poseidôn, délivre-nous, délivre-nous de nos terreurs ! Et toi, ô Arès ! hélas, hélas ! protége ouvertement la citadelle de Kadmos !

Et toi, Kypris, aïeule de notre race, détourne le malheur loin de nous, qui sommes issues de ton sang. Nous voici devant toi, invoquant l’aide des Dieux par nos prières suppliantes.

Et toi, Roi des loups, tueur de loups, sois la ruine de l’armée ennemie ! Et toi, fille de Latô, bande bien ton arc, chère Artémis !

Ah ! ah ! j’entends le retentissement des chars autour de la Ville, ô puissante Hèra ! Les moyeux crient lugubrement autour des essieux, chère Artémis !

Ah ! ah ! L’aithèr est hérissé de lances furieuses. Quelle destinée notre Ville va-t-elle subir ? Qu’arrivera-t-il ? Qu’ont décidé les Dieux ? Ah ! ah !

La pluie des pierres se rue sur les hauts créneaux, ô cher Apollôn ! Le bruit des boucliers recouverts d’airain