Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/167

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tigue, n’épargnant ni les nefs, ni les manœuvres, et prolongeant les retards, consumaient la fleur des Argiens. Et le Divinateur, pour cette cruelle tempête, proposa, au nom d’Artémis, un remède plus terrible que le mal ; et les Atréides, heurtant la terre de leurs sceptres, ne retinrent point leurs larmes.

Antistrophe III.

Alors, le Chef, l’aîné des Atréides, parla ainsi : — Il y a un danger terrible à ne point obéir, mais il est terrible aussi de tuer cette enfant, ornement de mes demeures, de souiller mes mains paternelles du sang de la vierge égorgée devant l’autel. Malheurs des deux côtés ! Comment pourrais-je abandonner la flotte et mes alliés ? Il leur est permis de désirer que ce sacrifice, le sang d’une vierge, apaise les vents et la colère de la Déesse, car tout serait pour le mieux.

Strophe IV.

Ayant ainsi soumis son esprit au joug de la nécessité, changeant de dessein, sans pitié, furieux, impie, il prit la résolution d’agir jusqu’au bout. Ainsi, la démence, misérable conseillère, source de la discorde, rend les mortels plus audacieux. Et il osa égorger sa fille afin de dégager ses nefs et de poursuivre une guerre entreprise pour une femme.

Antistrophe IV.

Et les chefs, avides de combats, n’écoutèrent ni les prières de la vierge, ni ses tendres supplications à son père, et ils ne furent point touchés de sa jeunesse. Et le