Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/191

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Esclaves, que tardez-vous ? Ne vous ai-je point ordonné de couvrir son chemin de tapis ? Promptement ! Que son chemin soit couvert de pourpre, tandis qu’il ira vers la demeure qui n’espérait plus le revoir, afin qu’il y soit conduit avec honneur, comme il convient. Pour le reste, ma vigilance ne sera point endormie, et, avec l’aide des Dieux, j’accomplirai ce que veut la destinée.

Agamemnôn.

Fille de Lèda, gardienne de mes demeures, tu as parlé dans la mesure de mon absence, longuement ; mais, pour être loué avec justice, il faut que cet honneur me soit rendu par d’autres. Cependant, ne me traite point mollement, à la façon des femmes, ou comme un roi barbare. Qu’on ne se prosterne point devant moi en poussant de hautes clameurs, et qu’on n’éveille point l’envie en étendant des tapis sur mon chemin. Il n’est permis d’honorer ainsi que les Dieux. Je ne saurais sans crainte, moi qui ne suis qu’un homme, marcher sur la pourpre. Je veux être honoré comme un homme, non comme un Dieu. Le cri public montera sans avoir besoin de ces tapis et de cette pourpre. Le plus beau don des Dieux est la sagesse. On peut le dire heureux celui-là seul qui a terminé sa vie dans la prospérité. J’aurais bon espoir si mon heureuse fortune présente m’était accordée en toutes choses.

Klytaimnestra.

Ne te refuse pas à mon désir.