Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/21

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tes tortures lui soient agréables ? Qui ne s’indigne de tes maux, si ce n’est Zeus ? Toujours furieux, dans son inflexible volonté, il dompte la Race Ouranienne. Jamais il ne cessera, à moins que son cœur ne se rassasie de vengeance, ou qu’un autre se saisisse de la puissance inaccessible.

promètheus.

Certes, un jour pourtant, bien que je sois chargé ignominieusement de solides chaînes, ce Prytane des Heureux aura besoin de mon aide, afin que je lui révèle le dessein qui le dépouillera du sceptre et des honneurs. Mais ni incantations, ni paroles de miel, ni menaces rudes ne me fléchiront. Je ne lui enseignerai rien, avant qu’il m’ait délivré de ces liens cruels, qu’il ait expié mon ignominie.

le chœur des okéanides.
Antistrophe II.

En vérité, tu es intrépide. Tu ne fléchis point dans ce rude supplice. Mais tu parles trop librement. L’épouvante pénètre mon cœur. Je redoute ta destinée. Quand me sera-t-il donné de voir le terme fatal de tes misères ? L’esprit du Fils de Kronos est impénétrable ; son cœur ne peut être touché.

promètheus.

Je sais que Zeus est dur. Il a soumis toute justice à sa volonté. Mais, un jour, il sera humble d’esprit, quand il se sentira frappé. Cette inexorable colère sera oubliée. Il désirera que j’accepte la concorde et son amitié.