Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/211

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Kasandra.

Non, c’est la vapeur qui monte de la tombe !

Le Chœur des Vieillards.

Certes, ce n’est point là un parfum syrien.

Kasandra.

Allons ! J’entrerai dans les demeures pour y gémir encore sur ma destinée et sur celle d’Agamemnôn. J’ai assez vécu. Salut, ô Étrangers ! Je ne suis pas épouvantée comme l’oiseau par le piége tendu. Soyez-en témoins puisque je vais mourir. Une femme sera tuée pour me venger, moi, femme ; un homme sera égorgé pour venger un homme funestement marié. Étrangère, je n’ai trouvé que cette hospitalité, la mort !

Le Chœur des Vieillards.

Ô malheureuse ! que j’ai pitié de ta destinée fatale !

Kasandra.

Je veux encore parler de ma destinée et me lamenter sur elle. J’appelle et supplie Hèlios que je regarde pour la dernière fois ! Que mes meurtriers payent à mes vengeurs le sang de la captive aisément égorgée ! Ô les choses humaines ! si elles prospèrent, une ombre les anéantit, et, dans l’adversité, une éponge imprégnée d’eau en efface