Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/25

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seiller et de réprimander celui qui souffre. Pour moi, je n’ignorais rien de ceci. J’ai voulu, sachant ce que je voulais. Je ne le nierai point. En sauvant les hommes, je m’attirais moi-même ces misères ; mais je ne pensais pas être ainsi tourmenté et me consumer sur le faîte de cette roche solitaire. Ne pleurez donc point mes misères présentes. Descendez plutôt sur la terre, vers la destinée qui m’opprime. Sachez tout ce qui m’attend encore. Venez à moi ! Venez en aide à celui qui souffre aujourd’hui. Le malheur va, errant sans cesse. Il accable tantôt l’un, tantôt l’autre.

le chœur des okéanides.

Promètheus ! Nous ne refusons point de t’obéir. Voici que, délaissant promptement, et d’un pied léger, le char rapide et l’Aithèr pur où passent les oiseaux, nous abordons cet âpre rocher, dans notre désir de connaître tes malheurs.




okéanos.

Promètheus ! accouru vers toi, après un long chemin, j’arrive, porté sur cet Oiseau rapide que je mène par ma seule volonté et sans frein. Je compatis à ta destinée, sache-le. Je pense que la parenté m’y pousse ; mais, en outre, je ne m’intéresse à nul autre plus qu’à toi. Tu sauras que mes paroles sont vraies. Je n’ai point coutume de flatter par des mensonges. Allons ! Apprends-moi ce qu’il faut faire pour te secourir. Tu ne diras pas qu’un autre est pour toi un ami plus ferme qu’Okéanos.