Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/299

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muable de poursuivre tous ceux d’entre les hommes qui commettraient des meurtres, jusqu’à ce que la terre les couvre. Même mort, aucun d’eux ne sera libre encore. Ce chant lui est voué, folie, délire troublant l’esprit, hymne des Érinnyes enchaînant l’âme, hymne sans lyre, épouvante des mortels !

Strophe II.

Quand nous sommes nées, cette destinée nous a été imposée : que nous ne toucherions point aux Immortels, que nulle de nous ne pourrait s’asseoir à leurs festins et que nous ne porterions jamais de vêtements blancs. Mais la désolation des demeures est notre part, quand un Arès domestique a frappé un proche. Nous nous ruons sur lui, quelque vigoureux qu’il soit, et nous l’anéantissons dès qu’il a versé le sang.

Antistrophe II.

Je me hâte, et j’épargne à tout autre ce souci, et mes imprécations permettent le repos aux Dieux. Qu’ils ne reviennent pas sur mes jugements ! Zeus ; en effet, repousse loin de lui une horde odieuse et souillée de sang. Pour moi, je bondis violemment et poursuis de l’inévitable vengeance ceux qui meurtrissent leurs pieds et dont les jambes ploient en fuyant au loin.

Strophe III.

La gloire des hommes, magnifiquement élevée jusqu’à l’Ouranos, tombe souillée contre terre à l’aspect de nos robes noires, et foulée de nos trépignements furieux.