Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venait toute la flotte, et on entendait ce chant immense : — Ô enfants des Hellènes, allez ! Délivrez la patrie, vos enfants, vos femmes, les demeures des Dieux de vos pères et les tombeaux de vos aïeux ! Maintenant, c’est le suprême combat ! — Et le cri de la langue Persique répondit à ce cri, car il n’y avait plus à hésiter. Les proues d’airain se heurtèrent. Une nef Hellénique brisa, la première, l’éperon d’une nef Phoinikienne, et les deux flottes se jetèrent l’une sur l’autre. D’abord, le torrent de l’armée Persique résista, mais quand la multitude de nos nefs fut resserrée dans les passages étroits, elles ne purent s’entr’aider. Elles se heurtèrent de leurs proues d’airain et rompirent leurs rangs d’avirons ; et les nefs Helléniques, nous enveloppant habilement, perçaient les nôtres qui se renversaient et couvraient la mer de débris de naufrage et de corps morts ; et les rochers du rivage étaient pleins de cadavres, et toute l’armée Barbare prit la fuite en désordre. À coups d’avirons brisés et de bancs de rameurs les Perses étaient écrasés ou déchirés comme des thons ou d’autres poissons pris au filet, et toute la mer retentissait de sanglots et de lamentations ; et, enfin, l’œil de la Nuit noire se ferma sur nous. Je ne pourrais, même en dix jours, te raconter la multitude de nos maux. Mais, sache-le, jamais en un seul jour tant d’hommes ne sont morts.

ATOSSA.

Hélas ! une mer immense de maux s’est ruée sur les Perses et sur toute la race des Barbares !

LE MESSAGER.

Certes, sache-le maintenant, je n’ai pas encore dit la