Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/62

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flotte, et, délibérant sur ceci, entre deux maux a choisi le plus noble : la fuite à travers les ondes marines, afin d’aborder la terre Argienne d’où notre race se glorifie d’être issue, du contact, du souffle de Zeus et de la Vache tourmentée.

Dans quelle terre plus propice que celle-ci serions-nous arrivées, ayant à la main ces rameaux des suppliants, enveloppés de bandelettes de laine ? Ô vous, ville, terre, blanches eaux ! Vous, Dieux des hauteurs, et vous, Dieux des expiations terribles, qui avez des demeures souterraines ! Et toi, Zeus sauveur, gardien du foyer des hommes pieux ! Accueillez tous en ce pays hospitalier cette troupe de jeunes filles suppliantes, et rejetez à la mer, afin qu’ils fuient promptement la foule insolente des hommes, des Aigyptogènes, avant qu’ils aient posé le pied sur cette terre non souillée ! Et qu’ils périssent dans la mer soulevée, en un tourbillon tumultueux, par le tonnerre et la foudre, et battus des vents chargés de pluie, avant qu’ils montent dans les lits des filles de leur oncle, malgré elles et malgré Thémis !

Strophe I.

Maintenant, nous invoquons, à travers les mers, le fils de Zeus, notre vengeur, conçu au contact, au souffle de Zeus, par la vache, notre aïeule, qui paissait les fleurs, celui qui, à l’heure de l’enfantement, fut le bien nommé par la destinée : Épaphos !

Antistrophe I.

L’invoquant aujourd’hui dans les pâturages herbeux de notre mère antique, nous rappellerons nos malheurs