Page:Leconte de Lisle - Hésiode.djvu/187

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poire. Les femmes disent : — Hélas ! Philinos, ta belle fleur se flétrit !

Ne veillons donc plus au dehors, ô Aratos, et ne meurtrissons plus nos pieds. Que le coq matinal amène pour d’autres le froid pénible du matin, et que le seul Molôn, ô mon ami, éprouve cette angoisse ! Pour nous, reprenons notre tranquillité ; et qu’une vieille opportune crache et écarte de nous les calamités !

Je chantai ainsi, et Lykidas, souriant toujours doucement, me donna son bâton pastoral comme un gage d’amitié venant des Muses. Puis, il prit sur la gauche et suivit le chemin de Pyxa. Eukritos et moi, ainsi que le bel enfant Amyntas, nous gagnâmes la demeure de Phrasidamos, ou nous nous couchâmes en des lits épais de lentisque odorant et de pampres récemment coupés. Un grand nombre de peupliers et d’ormes se berçaient au-dessus de nos têtes, non loin de l’onde sacrée qui s’écoulait, en murmurant, de l’antre des Nymphes. Et dans les rameaux touffus, les cigales, brûlées par le soleil, chantaient à se fatiguer ; et la verte grenouille criait au loin, sous les épais buissons épineux. Les alouettes et les chardonnerets chantaient ; la tourterelle gémissait ; et les abeilles fauves bourdonnaient autour des fontaines. De toutes parts flottait l’odeur d’un riche été, mêlée à celle de l’automne. À nos pieds et à nos côtés roulaient en foule les poires et les pommes ; et les branches, chargées de prunes, se courbaient jusqu’à terre.

Un enduit de quatre ans fut détaché des tonneaux. Ô Nymphes Kastalides, qui habitez le faîte du Parnasios, le vieux Kheirôn offrit-il une telle coupe à Hèraklès, dans l’antre pierreux de Pholos ? Le nektar qui enivra le Berger de l’Anapos, le fort Polyphamos, celui qui jetait des montagnes aux vaisseaux, et qui le fit trépigner à travers les