Page:Leconte de Lisle - Hésiode.djvu/209

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thagoricien qui vint me voir dernièrement, pâle, les pieds nus et se disant Athènaien. Lui aussi était sans doute amoureux ; mais c’était, je crois, de farine cuite au four.

aiskhinès.

Tu te moques à ton aise, mon bon ! Mais la belle Kyniska n’outrage, et j’en deviendrai fou furieux quelque jour, sans qu’on y prenne garde. Il s’en faut déjà d’un cheveu.

thyônikhos.

Tu es toujours le même, cher Aiskhinès, irascible et ne pouvant supporter que les choses ne soient à ton gré. Mais enfin, parle ; qu’y a-t-il de nouveau ?

aiskhinès.

L’Argien et moi, le maître d’équitation thessalien et le stéatite Kléonikos, nous dînions chez moi, à la campagne. J’avais tué deux poules et un cochon de lait, et débouché du vin de Biblina, vieux de quatre ans, mais aussi parfumé qu’au sortir de la cuve. J’avais servi les oignons, les pétoncles et les coquillages. C’était une débauche agréable. Comme elle avançait, on décida de faire des libations en l’honneur de qui on voudrait, pourvu qu’on en dît le nom. Chacun de nous but en nommant quelqu’un, ainsi qu’il était prescrit ; mais Kyniska ne dit rien, bien que je fusse là. Juge de ce que j’éprouvai ! Quelqu’un dit en riant : — Ne parleras-tu pas ? Tu as vu le loup ! — Tu l’as dit, dit-elle ; et elle rougit au point que tu eusses allumé un flambeau à ses poues. C’est Lykos ! c’est Lykos, le fils du voisin Labâ, haut de taille, svelte, et que beaucoup trouvent beau ; c’est pour Lykos qu’elle desséchait d’un si grand amour !