Page:Leconte de Lisle - Hésiode.djvu/246

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laissons pas à nos parents une douleur sans remède. C’est assez d’un seul cadavre par maison. Les survivants réjouiront leurs amis ; ils seront fiancés au lieu d’être morts, et ils épouseront ces jeunes filles. Il est mieux de décider cette grande querelle par le moindre malheur.

Il parla, et un Dieu voulut que ses paroles s’accomplissent. Les deux aînés posèrent leurs armes à terre, et Lynkeus s’avança, effleurant le bouclier de la forte lance qu’il brandissait ; et Kastôr brandissait aussi la sienne, et la crinière de leurs casques s’agitait. Ils cherchèrent d’abord à atteindre de leurs lances quelque partie découverte du corps, mais les pointes s’émoussèrent en s’enfonçant dans les boucliers de saule, sans blesser aucun des combattants. Ils tirèrent donc l’épée de la gaîne, afin de se donner mutuellement la mort, et la lutte continua.

Kastôr frappait de coups précipités le bouclier large et le casque à chevelure de crins, et Lynkeus aux yeux perçants frappait aussi le bouclier ennemi ; mais il n’atteignit que l’aigrette pourprée du casque ; et, comme il portait un coup de l’épée aiguë vers le genou gauche de Kastôr, celui-ci rejeta la jambe en arrière et coupa la main, qui laissa tomber l’épée. Aussitôt Lynkeus s’enfuit vers le tombeau de son père, où s’était couché le robuste Idas pour regarder le combat des deux parents ; mais le Tyndaride, levant sa large épée, la lui enfonça dans le côté, jusqu’au nombril, et l’airain perça les entrailles ; et Lynkeus étant tombé à la renverse, un pesant sommeil s’abattit sur ses paupières.

Laokoossa ne vit pas non plus son autre fils se marier heureusement dans les demeures paternelles, car le Messanien Idas, ayant arraché une colonne du tombeau d’Aphareus, allait en écraser le meurtrier de son frère, quand Zeus lui fit tomber le marbre des mains, en le