Page:Leconte de Lisle - Histoire populaire du Christianisme, 1871.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
Quatorzième siècle.

qu’il était lui-même dépossédé à Rome du pouvoir temporel par le plébéien Cola de Rienzo, qui s’intitulait Tribun auguste, Chevalier du Saint-Esprit, Libérateur de Rome et Protecteur de l’Italie.

Le pape acheta, de Jeanne, comtesse de Provence, Avignon, ses faubourgs et son territoire, pour la somme de 80 000 florins d’or, par autorisation de l’empereur Charles IV.

Le poète Pétrarque dit, dans ses lettres sine titulo, de la cour d’Avignon : « On trouve ici tout ce qu’on peut imaginer de confusion, de ténèbres et d’horreur ; c’est ici la demeure des larves et des lémures, la sentine de tous les vices et de toutes les scélératesses. — Je sais, par ma propre expérience, qu’il n’y a ici ni piété ni charité, aucune foi, rien de saint, rien de juste, rien d’humain. L’amitié, la pudeur, la décence y sont inconnues ; tout est plein de mensonges, l’air, la terre, les maisons, les places publiques, les temples, les tribunaux, le palais pontifical. L’espoir d’une vie future est considéré ici comme une illusion vaine, et Jésus-Christ est mis au rang des inventions puériles. La pudeur y est taxée de sottise, la prostitution mène à la célébrité. Je passe sous silence la simonie, l’avarice, l’insolence et la cruauté. » Les lettres de Pétrarque contiennent de tels détails qu’il nous est impossible de les reproduire.

Matthieu Villani parle d’une lettre fort curieuse qui fut adressée en ce temps-là par le Prince des ténèbres à Clément, pape, vicaire de Satan, et à ses dignes conseillers, les cardinaux, pour les louer, chacun de ses vices particuliers, et tous ensemble