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À L’ITALIE.


Et comme tu disais impérissablement,
Sur des modes nouveaux, à la terre charmée,
T’élançant de l’Enfer jusques au firmament,

Des forêts de la Gaule aux sables d’Idumée,
Les Anges, les damnés et les pieux combats
Et la tombe d’un Dieu de tes chants embaumée !

Les siècles t’ont connue ; ils ne t’oublîront pas !
Depuis la sainte Hellas, où donc est la rivale
Qui marqua comme toi l’empreinte de ses pas ?

Ah ! Les destins t’ont fait une part sans égale !
Vois ! Dix siècles durant, des vieux soleils au tien,
La nuit silencieuse emplit tout l’intervalle !

Et des esprits sacrés mystérieux lien,
Colombe, tu portais sur l’onde universelle
Le rameau d’olivier à l’univers ancien !

Qui donc a su tenir, d’une puissance telle,
Trempé dans le soleil, ou plus proche des cieux,
Le pinceau rayonnant et la lyre immortelle ?

Abeille ! qui n’a bu ton miel délicieux ?
Reine ! qui n’a couvert tes pieds d’artiste et d’ange,
Dans un transport sacré, de ses baisers pieux ?