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LES PARABOLES DE DOM GUY.

Les Anges qui pleuraient du haut des pendentifs ;
Et leurs lèvres de pierre avaient des sons plaintifs ;
Et saint Michel-Archange, en sa cotte de mailles,
Foulait plus rudement le Diable ceint d’écailles ;
Et madame la Vierge, un pied sur le croissant,
Dans sa robe d’azur étoilé, gémissant,
Suppliante, tournait sa face maternelle
Vers le Supplicié de la Croix éternelle !

Ah ! madame Isabeau, tristes étaient les cieux !
Mais j’ai vu clairement s’en venir, fort joyeux,
Par milliers, les démons hurler à votre porte,
Demandant si votre âme est à point qu’on l’emporte.
Et voici qu’au milieu du sabbat rugissant,
J’ai vu, prise aux cheveux, livide, l’œil en sang,
Louve qui, de ses dents, retroussait sa babine,
De l’intrus Jean vingt-trois la vieille concubine
Qui, devant Balthazar et madame Isabeau,
Frayait le grand chemin du flamboyant tombeau !


V


L’Esprit, en cette nuit impassible et sans trêve,
A soufflé dans mes yeux la forme de mon rêve ;
Et j’ai vu, de mon ombre, émerger au levant
Le soleil, nef de feu que flagellait le vent,