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Des ours d’or accroupis portent de lourds piliers
Où pendent les grands arcs, les pieux, les boucliers,
Les carquois hérissés de traits aux longues pennes,
Des peaux de loups géants et des rameaux de rennes ;
Et là, mille chasseurs, assis confusément,
Versent des cruches d’or l’hydromel écumant.
Les Runoïas dans l’ombre allumant leur paupière,
Se courbent haletants sur les harpes de pierre :
Les antiques récits se déroulent en chœur,
Et le sang des aïeux remonte dans leur cœur.
Mais le vieux roi du nord à la barbe de neige
Reste silencieux et pensif sur son siège.
Un éternel souci ride le front du Dieu :
Il couvre de Runas la peau d’un serpent bleu,
Et rêve inattentif aux hymnes héroïques.
Un réseau d’or le ceint de ses anneaux magiques ;