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VII

gence et la passion créent les types qui expriment des idées complètes ; la rêverie répond au désir légitime qui entraîne vers le mystérieux et l’inconnu. Aussi l’Antiquité, libre de penser et de se passionner, a-t-elle réalisé et possédé l’idéal que le monde chrétien y soumis à une loi religieuse qui le réduisait à la rêverie, n’a fait que pressentir vaguement. C’est donc dans ses créations intellectuelles et morales qu’il faut constater la puissance de la poésie grecque. Or, les deux épopées ioniennes, le Prométhée, l’Œdipe, l’Antigone, la Phèdre, contiennent, à mon sens, ce qui sera éternellement donné à l’esprit humain de sentir et de rendre ; et il en serait de même des Itihaças hindoues, rattachées si étroitement à l’œuvre homérique par le lien des traditions communes, si elles réunissaient au même degré l’ordre, la clarté et l’harmonie, ces trois