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Elle baigne le mont bleuâtre aux lignes calmes,
Et la fraîche vallée où bercés sur les palmes,
Les oiseaux au col rouge, au corps de diamant,
Dans les nids attiédis sifflent joyeusement.
Tout s’éveille, vêtu d’une couleur divine,
Tout étincelle et rit : le fleuve, la colline,
Et la gorge où, le soir, le tigre a miaulé,
Et le lac transparent de lotus étoilé.
Le bambou grêle sonne au vent ; les mousses hautes
Entendent murmurer leurs invisibles hôtes ;
L’abeille en bourdonnant s’envole; et les grands bois,
Épais, mystérieux, pleins de confuses voix,
Où les sages plongés dans leur rêve ascétique,
Ne comptent plus les jours tombés du ciel antique,
Sentant courir la sève et circuler le feu,
Se dressent rajeunis dans l’air subtil et bleu.