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Et croisant ses deux pieds sous sa cuisse, l’œil clos,
Immobile et muet, il médite en repos.
Sa femme à pas légers vient poser sur sa natte
Le riz, le lait caillé, la banane et la datte ;
Puis elle se retire et va manger à part.
Trois hommes sont assis aux côtés du vieillard,
Ses trois fils. L’aîné siége à droite, le plus jeune
À gauche. Le dernier rêve, en face, et fait jeûne.
Bien que le moins aimé, c’est le plus beau des trois.
Ses poignets sont ornés de bracelets étroits ;
Sur son dos ferme et nu sa chevelure glisse
En anneaux négligés, épaisse, noire et lisse.
La tristesse se lit sur son front soucieux,
Et telle qu’un nuage assombrit ses grands yeux.
Abaissant à demi sa paupière bronzée,
Il regarde vers l’est la colline boisée,