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Çunacépa lui dit : — Ô Çanta, ne meurs pas !
Il souleva ce corps charmant entre ses bras,
Et de mille baisers et de mille caresses
Il réchauffa son front blanc sous ses noires tresses.
— Ne meurs pas ! ne meurs pas ! Je t’aime, écoute-moi :
Je ne pourrai jamais vivre ou mourir sans toi !

Elle entr’ouvrit les yeux, et des larmes amères,
Brûlantes, aussitôt emplirent ses paupières :
—Viens, ô mon bien-aimé ! fuyons ! le monde est grand !
Nous suivrons la ravine où gronde le torrent ;
Sur la ronce et l’épine, à travers le bois sombre.
Nul regard ennemi ne nous suivra dans l’ombre.
Hâtons-nous. La nuit vaste enveloppe les deux.
Je connais les sentiers étroits, mystérieux,