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Qu’un Brahmane a volé cent mille belles vaches,
Et qu’il a pour enfants des menteurs et des lâches !
Non, non, mieux vaut mourir. J’ai promis, je tiendrai.
Le vieux Radjah m’attend ; encore un jour, j’irai,
Et le sang jaillira par flots purs de mes veines !
Taris tes pleurs, enfant ; cessons nos plaintes vaines ;
Aimons-nous ! L’heure vole et ne revient jamais !
Et, quand mes yeux éteints seront clos désormais,
fleur de mon printemps, toujours belle, adorée,
Parfume encor la terre où je t’ai respirée !


— Tu veux mourir, dit-elle, et tu m’aimes ! Eh bien !
Le couteau dans ton cœur rencontrera le mien !
Je te suivrai. Mes yeux pourraient-ils voir encore
Le monde s’éveiller, désert à chaque aurore !