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Rôdent furtifs et font crier la feuille sèche ;
Dans les fourrés d’érable où, comme un vol de flèche,
L’antilope aux yeux bleus, l’oreille au vent, bondit ;
Où l’œil du léopard par instant resplendit ;
Tous deux, le cœur empli d’espérance et de crainte.
Cherchaient Viçvamitra dans sa retraite sainte,
Et quand le jour, tombant des cimes du ciel bleu,
De l’éternelle voûte embrasa le milieu,
Loin de l’ombre, debout, dans une âpre clairière,
Ils le virent soudain, baigné par la lumière.
Ses yeux creux que jamais n’a fermés le sommeil
Luisaient ; ses maigres bras brûlés par le soleil
Pendaient le long du corps ; ses jambes décharnées.
Du milieu des cailloux et des herbes fanées,
Se dressaient sans ployer comme des pieux de fer ;
Ses ongles recourbés s’enfonçaient dans la chair ;