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C’est assez, j’ai vécu. Pour toi, femme, pareille
À l’Apsara qui court sur la mousse vermeille,
Et toi, fils du Brahmane, écoutez et partez,
Et ne me troublez plus dans mes austérités.
Dès qu’au pilier fatal, sous des liens d’écorce,
Les sacrificateurs auront dompté ta force,
Récite par sept fois l’hymne sacré d’Indra.
Aussitôt dans la nue un bruit éclatera
Terrible, et tes liens se briseront d’eux-mêmes ;
Et les hommes fuiront, épouvantés et blêmes ;
Et le sang d’un cheval calmera les Dêvas ;
Et si tu veux souffrir encore, tu vivras !
Adieu. Je vais rentrer dans l’éternel silence,
Comme une goutte d’eau dans l’océan immense.