Page:Lectures romanesques, No 148, 1907.djvu/2

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Paulot-Paulotte

GRAND ROMAN INÉDIT

PAR

Paul BERTNAY

DEUXIEME PARTIE

Une Embuscade Parisienne

VI

Le manteau d’Esclarmonde

(Suite)

Et puis, comme elle avait dit, le surlendemain elle se présenta à l’atelier.

— Ah !, mademoiselle Royer le patron a dit que vous passiez chez lui.

Elle eut tout naturellement la pensée que Raignard avait quelque recommandation à lui faire pour un travail à soigner plus spécialement.

Ce n’est pas cependant sans un battement de cœur qu’elle frappa à la porte du cabinet.

— Entrez !

Et, dès qu’il l’eut reconnue :

— Ah ! c’est vous… Eh tien, cette foulure ? elle va mieux, à ce que je vois ?

Il lui disait cela d’un air si singulier qu’elle se sentit rougir jusqu’à la racine de ses cheveux blonds.


— Oui, monsieur… je suis guérie…

— Ah !… Et depuis combien de temps ?

— Mais… depuis…

Il l’interrompit violemment :

— Depuis que le manteau de la Lanska est achevé, hein ?…

— Je ne comprends pas…

— Allons donc ! regardez dans la glace la tête que vous faites… Vous ne savez seulement pas mentir.

Il avait raison. Elle ne savait pas… et surtout elle n’entendait pas s’abaisser plus longtemps à un mensonge.

— J’ai eu tort, c’est vrai, monsieur, de ne pas vous dire tout de suite la vérité. C’est madame de Larska qui m’en avait prié. Vous aviez refusé d’exécuter ce qu’elle vous demandait… Je ne vous faisais donc pas de tort en essayant de lui rendre ce service… d’amie… Vous ignorez peut-être mes relations d’intimité avec elle… Ce que j’ai entrepris là, pour elle, jamais, pour une autre, je ne m’en serais chargée. Je vous dis franchement ce qui est, monsieur Raignard, et j’espère…

— Ah ! oui, fit-il en riant d’un mauvais rire, voyons ce que vous espérez.

— J’espère, répondit-elle timidement, que vous ne me retirerez pas votre confiance.

— Ce qui veut dire que je continuerai à vous donner du travail ?…

Son ton devint tout à coup dur et tranchant.

— Vous ne m’avez pas bien regardé, mam’selle Royer. Je n’ai pas une boule de jocrisse… Allez demander de l’ouvrage à « vos amis ». Ici, il n’y aura jamais rien pour vous.

— Monsieur… balbutia-t-elle en suppliant.

— C’est tout ce que j’avais à vous dire. J’ai l’honneur de vous saluer.

Et, sans plus prendre garde à la pan-