Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/100

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Vous enviez souvent à quelqu’àme céleste
Le don de respirer dans un vers qui l’atteste,
Et de pouvoir au loin, divulguant ses douleurs,
Soumettre à l’avenir un état de ses pleurs ;
Ce fatal privilége est peut-être sublime,
Mais savez-vous aussi tout ce qui l’envenime ?
Qu’un souffle fait plier la hauteur du talent,
Que lui-même, effrayé de son essor brûlant,
S’il veut s’approfondir, connaît son impuissance,
Et qu’il suffit d’un mot pour gêner sa croissance ?
Comme un aigle de flamme, emporté vers les cieux,
Si parfois de ces mers, pilote audacieux,
J’aborde, sans boussole, aux sphères immortelles,
Je ne sens pas le froid se glisser dans mes ailes,
Si l’on m’eût averti, l’on m’aurait arrêté :
Je ne tomberais pas, mais serais-je monté ?

Autrement que mes vers votre raison calcule,
Et je vois, Maria, votre tête incrédule,