Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/104

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Dans l’errant météore, elle éclate à nos yeux.
Comme un rayon du soir, pâle et silencieux,
Elle veille sur nous à travers le feuillage,
D’une pensée intime elle entend le passage,
Et nous parle, invisible, une langue d’espoir :
S’entretenir ainsi, c’est déjà se revoir.
Moi j’ai senti souvent que l’ombre de ma mère
Suivait à mes côtés mon sentier solitaire,
Et confidente encor de mon muet effroi,
Etendait sa pensée entre un malheur et moi.
C’est presqu’un Dieu de plus, qui m’aime et me protège.
De cette illusion pourquoi me défendrais-je ?
Elle est belle, elle est douce, elle n’a rien d’amer ;
Elle fuit quelquefois plus vite qu’un éclair,
Qui brille, et disparaît, quand on croyait l’atteindre ;
Mais puisqu’elle a brillé, de quoi puis-je me plaindre ?

Orphelins, tous les deux, il faut la partager.
Ce qu’elle a de pénible émeut, sans affliger :