Et sans changer ses traits, variant la constance,
Sait, pour la faire aimer, déguiser l’existence.
Peut-être ces tableaux, qui courent dans mes vers,
Ce jour étincelant, dont je peins l’univers,
Peut-être, ces bouquets, ces couleurs enflammées,
Qui brodent les gazons d’images parfumées,
Et ces yeux étoilés, qui veillent sur nos maux,
Et ces voix, dont mon âme invente les échos,
Tout peut-être m’abuse, et vient de ta présence :
Et blasphémant du sort l’avare bienfaisance
Je ne l’aurai, du moins, maudite qu’une fois,
Et toi, tu la maudis toujours, ou tu le crois !
Je sais, en te quittant, quel sera mon veuvage :
Mais pourquoi de si loin préparer son orage !
Sans doute qu’en moi-même exilé par l’ennui,
Je pleurerai demain les heures d’aujourd’hui ;
Demain ! toujours demain ! pourquoi d’un œil avide
Éveiller l’avenir dans son chaos aride ?
Qu’il dorme, oui, qu’il dorme ! Embrassons le présent.
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