Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/14

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Il serait trop ridicule de prétendre envahir la curiosité avec des songes d’amour, et des vers d’intimité qui ont besoin, pour avoir quelque prix, d’être lus où ils furent écrits, dans la solitude. on se fait tomber. Cela peut être du luxe de douleur, mais ce n’est pas de la fatuité.

Quel que soit mon désintéressement, comme je suis loin d’avoir autant d’amis qu’il y aura d’exemplaires de ce volume, si peu élevé qu’en soit le chiffre, j’ai revu ces Confidences avec autant de soin que me l’a permis une santé affaiblie, et l’ennui continuel d’exhumer le passé pour le juger. Je ne demande pas grâce pour quelques expressions démonnoyées que j’ai tenté de remettre en circulation, ou de tirer, comme dit un vieux poète, du froid tombeau d oubliance ; je suis tout prêt à convenir, non pas qu’elles sont mauvaises, mais que je les ai mal placées. Je réclamerai plutôt l’indulgence pour quelques allusions, trop fréquentes au malheur du génie, à la malveillance de la gloire. Ce n’est nullement par vanité que j’ai prononcé mes anathèmes ; c’est simplement qu’il y a des heures où, écrasé par le chagrin, on veut ou se relever en s’atlribuant des qualités que l’on n’a pas, ou s’apitoyer soi-même sur sa chute, en exagérant la hauteur dont