Restez, et maintenant que la cloche nocturne
N’interrompt plus du soir le repos taciturne,
Maintenant, Maria, qu’avec ses bruits sacrés,
Mes rêves d’autrefois se sont tous retirés,
Entraînez ma pensée au-devant d’autres songes,
Même pour n’y pas croire, inventez des mensonges :
Mon amour, un moment, en fait des vérités.
Si j’aime, auprès de vous, ces accens enchantés,
Qui rendent à nos cœurs un âge d’espérance,
C’est qu’en vous y mêlant, je refais mon enfance,
Que je la recommence aux pieds du même amour,
Et qu’en vous consacrant mon passé, jour à jour,
Je n’aurai pas marché sur la terre ravie,
Sans voir la même image accompagner ma vie.
Autrefois, Maria, quand l’airain pastoral
Tintait du couvre-feu l’orémus féodal,
C’était une heure amie, où, dans l’ombre embrassées,
Les âmes, qui s’aimaient, échangeaient leurs pensées,
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