Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout ce que j’ai tenté fuira de son esprit ;
Moi, je me souviendrai de tout ce qu’elle apprit.
Ces livres, dont ma voix lui soumit le silence,
Tous ces vers regrettés deviendront sa présence,
Et, pour la voir encor, je les lirai toujours.
Mais elle !… oh ! je le sens, une ombre est sur mes jours.
On ne peut pas long-temps se reposer près d’elle 1
Elle paraît aimer, pour qu’on lui soit fidèle :
Mais elle n’aime rien, hélas ! que sa beauté,
Et sa mélancolie est une vanité.

Ah ! que j’aurais mieux fait d’éluder l’espérance,
Et de m’emprisonner dans une humble ignorance !
Tout ne criait-il pas à ma sourde raison,
Que l’arbre du savoir rapporte du poison ?
Frêle félicité, que nous donne une femme,
De quel fil délicat se compose ta trame !
Tu ne dures pas même autant que le regard
Qu’on laisse, jusqu’à nous, échapper par hasard ;