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Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/221

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Les accens du poète auront beau l’entreprendre,
Us reçoivent la vie, et ne peuvent la rendre :
Créateurs impuissans, nos plus mâles accords,
Quand ils veulent créer, galvanisent des morts :
Eclair capricieux, la rapide pensée,
Dans les nœuds du langage, expire embarrassée :
Perdu dans le dédale et la nuit du discours,
Un rayon de bonheur s’éteint dans leurs détours ;
La mémoire, infidèle au but qu’elle s’impose,
Oublie, en les contant, tous les faits qu’elle expose ;
Et la douleur ! qui peut, mesurant ses revers,
Imprégner de sanglots le tissu de ses vers !
Les mots, dont on les peint, refroidissent les larmes :
Combats mystérieux, où nous luttons sans armes,
Il faut, pour exprimer nos chagrins venimeux,
Des cris, des chants, des voix, des sons vagues comme eux.
Lumière accentuée, errante sur la terre,
La musique, elle seule, en surprend le mystère,
Et, pour mieux enivrer nos sens qu’elle traduit,
Laisse, en les éclairant, leurs secrets dans la nuit.