Quand il faut remuer ce chaos de douleurs,
Qui se presse au cerveau, sans forme et sans couleurs,
Comme à travers le ciel, en travail de l’orage,
Le tumulte houleux d’une mer de nuage.
Levier mystérieux comme le désespoir,
Le chant seul a des cris, qui peuvent le mouvoir.
Aussi suivez en vous cet hymne de bravoure,
Ce salut du malheur au trépas qu’il savoure !
Chacun de ses soupirs nous évoque un tableau,
Qui fait battre en nos cœurs le cœur de Roméo.
On sent qu’à chaque note il reprend sa maîtresse :
A part dans son amour, il l’est dans sa détresse ;
On sent que son tourment, qui ne peut plus monter,
Doit descendre au sourire, afin de s’attester.
Souvent le suicide est un dernier blasphême,
Un complot contre soi, qui s’attaque à Dieu même
Fatigué de ces fers, qu’on nomme adversité,
Du cachot de la vie on s’évade irrité,
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