Voilà pourquoi mon ame est si triste, et pourquoi
Le printemps, sans me voir, passe à côté de moi.
Je l’attends cependant pour essayer de vivre,
Comme on attend un ange, un ange qui délivre,
Celui qu’en Orient on appelle Azraël,
Dont la parure est noire et le baiser mortel.
Je voudrais que mon ame, un moment enchantée,
S’envolât vers le ciel de parfums escortée.
Quelquefois, quand l’hiver, exilé du coteau,
N’y laisse plus tomber l’ombre de son manteau,
Quand l’œil vert du bourgeon s’entr’ouvre au bout des branches,
Et qu’on voit sous les bois fourmiller les pervenches,
Je crois sentir aussi des accès de réveil.
J’imagine un instant qu’un rayon de soleil,
Sous mes doigts engourdis, va réchauffer ma lyre ;
Mais quand elle renaît à son ancien délire,
C’est pour cueillir partout des images de deuil.
Au ruisseau qui folâtre autour de son écueil,
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