Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/302

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On vivra pour te voir, on vivra pour te plaire,
Mais il n’appartient pas, je le crois, à la terre,
D’exprimer, mieux que moi, l’amour dont je mourrai.
L’amour ! j’ai tout senti, tout vu, tout mesuré,
A genoux devant toi j’ai touché le génie,
Tous les accens du cœur dans ma voix t’ont bénie,
J’ai pressé tous les mots des langues d’ici-bas,
Et ceux qui m’ont manqué, c’est qu’ils n’existent pas.
Te voir pour désirer de te voir davantage,
Concentrer l’existence autour de ton image,
Te lire sur les fleurs, dans les champs, dans les bois,
N’étudier dans l’air qu’un écho de ta voix,
Ne chercher dans le ciel qu’un reflet de ton âme,
N’y cueillir que ton nom dans ses jardins de flamme,
Ne respirer qu’en toi, comme on respire en Dieu,
Craindre à la moindre absence un éternel adieu,
Demander, sans espoir, à mon heure dernière,
D’expirer, à tes pieds, en baisant leur poussière,