Lorsque l’on ose aimer, il faut savoir souffrir,
Et l’on est toujours libre, alors qu’on peut mourir.
Auprès de ses douleurs, vous ne voyez personne ;
Mais moi, j’y vois Fayel, et Fayel qui frissonne.
Que Dieu tienne, s’il veut, compte d’un cœur navré :
Mais que m’importe, à moi, qu’elle ait beaucoup pleuré !
Une larme de femme est-elle un phénomène,
Que l’on compte pour rien la mort quotidienne,
Qu’inflige au malheureux, qui ne peut l’émouvoir,
Son regret du passé, complice d’un espoir ?
Et ces sanglots encor, ces regrets que l’on vante,
Ces pleurs l’accusent morte, aussi bien que vivante.
Qu’une ingrate, insultant à notre humilité,
Fasse de nos douleurs le fard de sa gaîté,
On peut lui pardonner sa féroce allégresse ;
Mais l’accabler de soins, l’entourer de tendresse,
Mendier son regard, et la voir dans nos bras
Pleurer d’un autre amour, qu’elle implore tout bas. !
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