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Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/397

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Et quand, à chaque instant, forcé de s’arrêter,
Le cœur malade et lourd semble près d’éclater !
On dirait qu’une idée, errante dans nos veines,
Pour mieux nous étouffer, s’y gonfle de nos peines.
Le ciel, comme le monde, est fermé sous nos pas ;
On frappe à tous les temps, qui ne répondent pas :
L’amour est sur le seuil, sentinelle implacable,
Qui rattache au proscrit le boulet qui l’accable.

L’homme, pour être grand, a besoin d’être heureux :
Il faut qu’il ait souffert, mais qu’un ciel généreux,
Au courant du malheur, jette enfin quelque digue :
L’âme autrement s’épuise et s’éteint de fatigue ;
La douleur désabuse, et las de ses assauts,
Pour nous sentir pleurer, nous quittons nos travaux.
Moi, j’ai quitté les miens, avec regret peut-être :
Mais je suis incapable aujourd’hui de renaître.
Je regarde mes vers, et n’y retouche pas :
Ils sont tachés de pleurs. Je les regarde, hélas !