Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je songe rarement, ermite villageois,
A peupler mon désert des rêves d’autrefois.
J’imaginais alors, quand la lune voilée,
De ses baisers d’argent, caressait la vallée,
Quand les astres semblaient, dans l’océan de l’air,
Des mouettes de feu qui dorment sur la mer,
Que toutes ces beautés, dont s’enivratf mon âme,
N’avaient, pour me parler, que la voix d’une femme,
Et qu’en m’en séparant je ne pourrais jamais
Voir, admirer, sentir, bénir ce que j’aimais ;
A peine maintenant si je sais qu’elle existe,
Et jamais un regret, un souvenir n’attriste
Ce spectacle aussi pur aujourd’hui qu’autrefois.
Je jouis mieux, tout seul, de tout ce que je vois,
Et s’il faut l’avouer, j’éprouve, au lieu de haine,
Qu’elle a bien fait pour moi de briser notre chaîne.
Mon esprit fléchissait, et fût resté courbé :
Il remonte aujourd’hui plus qu’il n’était tombé ;
Un parjure de femme a fait bondir son aile,
Il vole ! Pourquoi donc, quand je suis plus haut qu’elle,