Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/54

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Si, pour lever les plans de cette œuvre éternelle,
On vient à découvrir quelque âme fraternelle,
Qui sache, avec la nôtre, admirer de moitié :
Cette pensée alors, qu’adoucit l’amitié,
Semble, en se divisant, perdre son amertume ;
La flamme, sans détruire, aux deux trépieds s’allume,
L’esprit qui s’envenime, en lui-même exilé,
Déchire le bandeau, dont il fut aveuglé,
S’épure, et la parole, ardente d’harmonie,
En trouvant un écho, prend le ton du génie.

Heureux qui, jeune encor, rencontre, en son chemin,
Cet écho, dont sa voix n’espérait plus l’hymen,
Qu’on soupçonne souvent, sans croire qu’on le trouve.
Moi je n’y comptais plus, et pourtant je l’éprouve,
Le poids de ma pensée est moins lourd qu’autrefois :
Son aiguillon s’émousse au son de votre voix :
Un mot consolateur, en glissant sur mes peines,
Semble embaumer ma vie, et mon sang dans mes veines.