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Page:Lefèvre-Deumier - Leçons de littérature allemande, 1893.djvu/200

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MORCEAUX CHOISIS

On m’a vu bien souvent rester ébahi à côté d’eux ; car, lorsque ces réunions ont lieu, il arrive assez ordinairement qu’on accourt pour les regarder s’asseoir et ne plus se lever. Croyez-moi, frères, jamais elles ne sortiront de ma mémoire, les hideuses grimaces que j’ai vues là ! Le désespoir, la rage, une joie maligne, une anxiété livide se peignaient tour à tour sur leurs visages. À leur colère, on les prendrait, je vous le jure, pour les furies ; à leur gravité pour les juges des enfers ; à leur angoisse, pour des criminels. — Mais quel est leur but ? demandèrent alors les amis ; peut-être s’occupent-ils du bonheur de l’humanité ? — Hélas non ! — Ils cherchent la pierre philosophale ? — Vous vous trompez. — Ils veulent trouver la quadrature du cercle ? — Non. — Ils se repentent de leurs vieux péchés ? — Ce n’est pas tout cela. — Ils sont donc fous ! S’ils n’entendent, ne sentent, ni ne voient, que font-ils donc ? — Ils jouent.

J. L.


LE CHEVAL ET L’ÂNE.


GLEIM.


Un âne, au dos chétif, portait un jour un lourd fardeau ; il en pliait à tomber mort. Un cheval marchait à vide auprès de lui. — Tu n’as rien sur ton dos, lui dit l’animal harassé ; aide-moi, mon bon petit cheval, aide-moi, je t’en supplie. — Comment ! T’aider ? répond le roussin malhonnête ; je te trouve un plaisant gaillard ! Tu es un peu paresseux. Porte toujours !… — Je meurs, mon bon cheval… le fardeau m’écrase… Sauve-moi ! La moitié serait un jeu pour toi ! — Je ne puis pas, dit le cheval. Bref, le baudet succombe sous le poids de sa charge. Sac et bagage, on place aussitôt le tout sur le coursier, et qui pis est, la peau de l’âne par-dessus.

J. L.