Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chesse ou la stérilité des sites : toujours conduit par ma rêverie, je n’ai d’autre soin que de prévenir le moment de la lassitude. [1] »

Le Don Juan, dont je publie quelques fragments, n’a d’autre analogie que le nom avec celui de Lord Byron. Quand on a, comme ce poète, beaucoup vu, beaucoup vécu : quand qn a reconnu que le génie n’est souvent qu’une faculté de plus pour souffrir, on cherche, pour ainsi dire, à s’en venger en le dépréciant. On devient amer et misanthrope ; au lieu de s’épancher par des larmes, la tristesse s’épanche en épigrammes ; mais cette tristesse mordante n’est pas gaie. Le grand défaut de Byron dans son Don Juan est d’avoir méconnu la vraie route que voulait prendre son esprit, et de viser à une gaieté qu’il n’atteint jamais. Il est constamment en contradiction avec sa propre nature, qui ne reparaît que par intervalle. Il en résulte un bizarre mélange de grâce et de trivialité, de grotesque et de sublime. Je n’aime ni n’estime

  1. Diderot.