Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/209

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Et je n’osais parler de peur qu’en m’écoutant,
Son bras de mon appui ne parût mécontent.
L’ombre du soir sur nous descendait parfumée :
Je suis sûr qu’elle-même, au fond du cœur charmée,
Tremblante d’un bonheur vague et mystérieux,
Dans des rêves d’amour sentait languir’ses yeux ;
Sans doute sa pensée errait loin de la mienne,
Mon âme, et je le crois, n’était rien pour la sienne,
D’un autre en elle-même elle cherchait les traits ;
N’importe, j’étais là..... j’aimais.... je l’adorais…
Je la sentais heureuse..... et je l’étais peut-être !
Que ce moment, hélas ! fut prompt à disparaître,
Et combien j’ai, depuis, puni d’un peu d’orgueil,
Gémi sur un amour dont je suis seul en deuil !
Mais j’aime à retourner sur sa trace lointaine :
•— Par un plaisir de plus remplaçant chaque peine,
J’aime à me composer un plus doux souvenir,
Et d’un passé menteur j’embellis l’avenir.
Dans ces songes d’amour que je crée en arrière,
Combien de mes serments la brûlante prière